Oui, c’est sûr que ce titre peut faire sourire !
Je vais bien vous parler du vin et de nos petites quenottes. Car figurez-vous que j’étais en Autriche, invitée pour suivre une très grosse dégustation, dans le cadre de mon travail pour le magazine international VertdeVin. Quelle n’a pas été ma surprise au bout du premier jour de dégustation de ressentir une petite douleur au niveau des molaires. Il faut dire que j’avais dégusté une centaine de Riesling, cépage blanc relativement acide. Le second jour après avoir embrayé sur les Grüner Veltliner (cépage blanc acide également), j’ai senti une gène plus importante, une douleur un peu aigue lorsque je croquais notamment dans des aliments sucrés.
Au début, j’ai cru que je m’étais cassée une dent ! Oui carrément !! Je prends soin de mes petites quenottes et je n’ai jamais eu de problème à ce niveau là. Je vais régulièrement chez le dentiste et je me lave les dents tous les jours, plusieurs fois par jour. C’était donc une première…
J’en ai parlé à d’autres dégustateurs présents qui m’ont dit que c’était normal et que c’était le résultat de l’acidité de ces vins. Ayant encore 3 jours de dégustation, je ne pouvais me résoudre à continuer d’avoir ces douleurs sporadiques, cette sensibilité. J’ai donc fait des recherches en m’étonnant de ne pas avoir eu la présence d’esprit d’aborder ce sujet plus tôt !
En effet, mon dentiste et ami, Dominique Naboulet (et il n’est pas au courant que je le cite !) fait un soin esthétique dans son cabinet à Bordeaux pour les professionnels du vin après les primeurs : le soin Bacchus. Je ne l’ai jamais essayé… Mais à part ce soin dont j’avais connaissance, je n’avais jamais entendu parler de douleurs dentaires à cause du vin ou d’autres problèmes… Jamais on n’a évoqué le lien entre le vin et les dents lors des cours que ce soit en sommellerie, à la faculté d’œnologie ou autre…
Ce sujet est pourtant intéressant et important que ce soit pour les particuliers ou les professionnels. Durant mes recherches, je suis tombée sur une thèse passionnante de 2020 de Flora Foucher à Lyon avec des conseils pratiques que j’ai suivi lors de mon séjour en Autriche. Et j’ai été étonnée (mais pas surprise) : ça marche !
1)D’abord, j’ai appris qu’il valait mieux ne pas se laver les dents le matin avant une grosse dégustation afin de ne pas retirer la pellicule acquise via la salivation et qui protège l’émail. Cela n’a pas été facile pour moi de ne pas me laver les dents le matin… Mais bon, j’ai testé !
2) Ensuite, lors du petit déjeuner, il est conseillé de prendre des laitages qui sont riches en calcium, en phosphate et caséine. Je me suis donc dirigée vers des céréales avec du lait pour l’occasion.
3) Durant la dégustation, il est indiqué de boire régulièrement de l’eau et même de se rincer la bouche idéalement entre chaque verre de vin. L’eau plate (et non pétillante) nettoie ainsi les acides et évite les érosions. Il est vrai que je bois habituellement peu d’eau durant mes dégustations, j’ai donc dû faire un effort. Il a été impossible cependant de me rincer la bouche entre chaque verre, j’ai donc fait cela entre chaque série de 6 verres. Et j’avoue que cela a fait du bien à mes dents !
4) Après la dégustation, les professionnels dentaires indiquent qu’il ne faut pas se laver les dents. Il est vrai qu’après une dégustation de vins rouges, j’ai les dents teintées. Je suis donc très attentives (par esthétisme) à l’aspect de mes dents et j’aurais tendance à me laver les dents. Erreur ! Il est conseillé d’attendre au moins 1h pour se laver les dents. Idéalement il faudrait nettoyer les dents avec ses doigts ou une brosse à dents à poils très doux et éviter les brosses à dents électriques et les techniques de brossage vigoureuses. Sans oublier qu’il faut absolument éviter les dentifrices blanchissants qui sont abrasifs mais privilégier ceux qui sont fluorés. J’ai donc joué le jeu et j’ai attendu pour me brosser les dents, je l’ai fait en douceur et j’ai eu moins de douleurs. Pour ceux qui ne peuvent pas se passer de se laver les dents, curieusement, la thèse explique que la mastication d’un chewing-gum (sans sucres), qui accentue la salivation, est positive pour les professionnels.
5) Enfin, il est conseillé d’éviter tous les aliments acides comme les tomates, les jus d’orange à la fin de la dégustation. Il est même préconisé de reprendre des produits laitiers.
Et vous, avez-vous déjà eu des douleurs après une dégustation de vins ?
Même si vous n’êtes pas un professionnel du vin, ces conseils peuvent vous servir ! Je ne vais pas rentrer dans les détails vu sur internet concernant la dangerosité du vin ou au contraire ses bienfaits sur les dents. On doit absolument protéger notre dentition, c’est très important. Idéalement, il faudrait aller chez le dentiste une fois par an pour un petit détartrage et vérifier que tout va bien. Certains personnes sont plus sensibles que d’autres, c’est le hasard. Mais dans tous les cas, il est également conseillé de se laver les dents après chaque repas et d’éviter les aliments trop sucrés qui favorisent les caries.
Le vin et les spiritueux sont à consommer avec modération. Lors de dégustations professionnelles, il y a des crachoirs à disposition : je ne peux qu’encourager mes collègues à utiliser cette technique.
A la suite de la thèse à Lyon, j’ai cru comprendre qu’un petit fascicule avait été créé pour être distribué à des futurs pros. Il serait peut être intéressant que toutes les écoles intègrent une partie hygiène dentaire dans leurs cours…
#Emission France Bleu Gironde du 16 septembre 2024 : cliquez sur le lien pour écouter le replay plus facilement et rendez-vous sur mon instagram @chloeandwines pour voir en Reels mon passage à la radio !