Je ne m’y connais pas beaucoup en NFT… Cependant, comme un certains nombre d’entre vous, j’entends parler de ce nouveau produit financier qui marrie art et dollar (ça rime). Pour être plus précise, les NFT sont des Non-Fungible Token, ce qui est traduit par Jeton Non Fongible (JNF). Il existe des NFT dans le vin mais en existe-t’il dans le monde du saké ? Avant de répondre à cette question, petit point sur les NFT pour démarrer…
Le NFT est « un objet informatique qui est stocké et identifié grâce à un protocole de blockchain (chaîne de blocs) auquel est rattaché un identifiant numérique« . Et c’est cela qui le rend donc unique et non fongible (et peut être non fongique comme j’ai voulu l’écrire, mais ça c’est un autre débat).
Ce jeton va accorder des droits (de propriété par exemple) sur un objet réel ou virtuel. Le propriétaire, qui achète en cryptomonnaie en général, est associé par un compte à ce token. Comme ce dernier est non fongible, son propriétaire est garanti unique et c’est ce qui donne de la valeur au token.
Il y a un contrat intelligent qui est généré lorsque l’acheteur d’un token en devient propriétaire. C’est souvent un contrat intelligent avec la blockchain Ethereum mais on voit se développer d’autres blockchains spécifiques à la gestion des NFT.
Il existe différents types de NFT : NFT jeu, NFT certificat (titres de propriétés, brevets, noms de domaine…), NFT récompense (bonus, promotion, programme de fidélité…) et NFT Art. Les NFT ont vraiment gagné en popularité en 2021.
Je pense que l’on entend très souvent parler des NFT en tant qu’oeuvres d’art réelles ou virtuelles. Cela donne de la puissance au token car il n’y a pas de limites à la création, surtout virtuelle. Mais attention, la propriété est rattachée au token et pas nécessairement à l’objet associé au token. Jean-Paul Delahaye (grand informaticien et mathématicien français) va comparer le NFT a une photo dédicacée (de Johnny Halliday par exemple). Elle est non fongible car la dédicace est unique et elle appartient à la personne qui reçoit la dédicace. Par conséquent, elle a des droits dessus et peut porter plainte si on lui vole cette photo. Par contre, il n’est pas propriétaire de la photo en elle-même ni de Johnny Halliday.
La question ensuite qui se pose est « pourquoi » ? Pourquoi investir, à quoi cela sert-il ? D’après le cabinet KPMG, les acheteurs de NFT sont des jeunes hommes de 35 ans maximum qui ont une grande tolérance au risque tout en recherchant des rendements importants et qui aiment spéculer sur les marchés.
Les investisseurs répondent à cette question du pourquoi par plusieurs points :
- Avoir une relation unique avec un créateur : le soutenir et le faire connaître.
- Spéculer : c’est un investissement.
- Profiter du sentiment de rareté : vu que le token a un propriétaire unique, cela offre de la rareté et peut donc faire augmenter les prix.
- Collectionner : les NFT sont utilisés par ceux qui veulent collectionner de l’art.
Cependant, il ne faut pas oublier que c’est un marché très volatile. La valeur de l’investissement peut s’envoler mais aussi s’effondrer. Elle repose sur la rareté et surtout sur le sentiment du marché à propos de la réputation d’un NFT à un instant T. Il y a beaucoup d’aspects négatifs à cet investissement (manque de liquidité, piratage, arnaques et problèmes de copyright, risques liés à l’inaccessibilité du NFT, wash trading avec des prix gonflés, violation des droits d’auteur, vol de données par des hackers…).
Cet article n’a pas vocation à vous faire plonger dans ce qu’est les NFT car plus je lis sur le sujet et plus je me dis qu’il faudrait carrément acheter un livre pour tout comprendre. J’espère donc que c’est petite introduction vous permet de comprendre juste les bases, de façon très simple, des NFT.
Dans le monde du vin, on voit se développer petit à petit les NFT. La startup Intercellar s’est mise sur ce créneau avec succès en 2023. Les deux jeunes fondateurs vendent des vins (physiques) sur leur site mais aussi un jumeau en NFT. Ainsi les acheteurs deviennent propriétaires d’un vin (item) mais aussi un NFT.
Il est avancé aux acheteurs du monde du vin plusieurs avantages : garantir l’authenticité d’une bouteille via son jumeau NFT (sur un marché où les contrefaçons représentent 530 millions d’euros de perte en terme de vente selon un rapport de 2016), faire une vente directe sans intermédiaires grâce à un club de détenteurs de NFT, stocker le vin au château de façon optimale tout en ayant la possibilité de faire changer de mains le token (par conséquent, la bouteille physique ne bouge pas jusqu’à ce que le consommateur final demande à l’avoir pour la consommer)…
Les Châteaux Pape Clément, Smith Haut Laffite, Edmus, Malartic Lagravière à Bordeaux sont des précurseurs dans le domaine. Mais en Bourgogne, dans le Rhône et à l’étranger, les producteurs de vins ne sont pas en reste. Il y a des sites incontournables comme WokenWine ou encore WineChain.co.
Et dans le saké, qu’en est-il ?
Apparemment, le saké a déjà fait un pas dans les NFT avec des grands noms comme Dassai de la Maison Asahi qui a collaboré en août 2022 avec un artiste pour réaliser des oeuvres d’art inspirées par son saké. L’artiste irlandais s’appelle Kevin Abosch et la collection se nomme Sublimata. 777 NFT ont été créé.
Et plus je fais des recherches, plus je trouve de Kura qui ont réalisé des collaborations ou fait des cuvées spéciales NFT. C’est le cas aussi de la maison Hitoutouka avec deux cuvées Junmai Daiginjo : « Hito » « ASCENDING » et « To-ka » « ILLUMINATING ». Deux sakés haut de gamme dans une bouteille incroyable peinte à la main selon la méthode de laque Maruyoshi-Kosaka Urushi avec un coffret dont les dessins ont été réalisé par l’artiste Shun. Il y a bien sûr un numéro de série, écrit en laque et c’est une édition limitée (100 bouteilles). Les numéros 7, 8, 77 et 88 seront encore plus spéciaux puisque de la poudre de platine et d’or sont utilisées pour la gravure. Vous pouvez, en cliquant sur le lien de Hitoutouka, voir une vidéo réalisée pour l’occasion.
Les prix de vente ont atteint des sommets… Le numéro 1 a été mis à pris 1 230 000 yens (soit 7500 euros environ), les numéros 7, 8, 77 et 88 ont été mis à paris 550 000 yens (soit 3350 euros). Tous ont déjà trouvé acquéreur. Le coffret « classique » des deux bouteilles se vend sinon 330 000 yens (soit 2010 euros environ).
Des sociétés se sont aussi lancées, spécialisées dans le domaine du saké et des NFT. Parmi elle, SakeMeta. Sur le même principe que le vin ou les spiritueux, les acheteurs peuvent donc investir dans des bouteilles de saké ayant un jumeau virtuel artistique. La société est basée à Melbourne en Australie et a déjà lancé une série d’oeuvres pour l’inauguration.
Autre société, Sake World NFT avec un principe identique à l’entité précédente. C’est un HUB qui connecte les passionnés de saké japonais. Sur le site, les acheteurs peuvent acheter des NFT, les échanger mais aussi réserver des cuvées de saké pour les recevoir ou au contraire pour les mettre à stocker.
Car stocker son saké c’est un peu la nouvelle tendance dans les NFT. Vous le savez, le saké japonais est un produit éphémère. On peut garder sa bouteille 2/3 ans mais dorénavant avec les NFT, on peut faire vieillir ses sakés. C’est ce que propose AgedSake NFT par exemple.
J’ai enfin découvert un site NFT intéressant sur des expériences locales japonaises dont la dégustation de saké ! C’est Kokyo NFT. C’est réservé à des détenteurs de NFT, comme un club. Vous pouvez donc acheter Uka un Premium Sake NFT de la maison Meiri Shurui. Est inclus dans le prix de 500 dollars : une visite de la maison de production avec même l’accès à des endroits interdits avec une dégustation spéciale, une bouteille de saké Uka et une carte VIP Uka avec des droits d’achats prioritaires. Ce site est tout de même soutenu par Japan Airlines Co. Ltd (JAL), donc c’est plutôt sérieux.
Le monde des NFT se développe rapidement. La question de savoir si c’est uniquement une tendance ouvre un débat passionnant. Dans le saké, les NFT semblent prendre de plus en plus d’ampleur avec des nouveaux modes de consommation et l’idée de conserver la trace d’un produit éphémère. Affaire à suivre !
#Emission France Bleu Gironde du 16 avril 2024 avec Marie-Corine Cailleteau : cliquez sur le lien pour écouter le replay plus facilement et rendez-vous sur mon instagram @chloeandwines pour voir en Reels mon passage à la radio !