Continuons cette série d’épisodes sur « les sakés les plus… » avec aujourd’hui une catégorie qui a du succès : le saké le plus chic. Car oui, il faut bien admettre que le design participe à l’expérience de dégustation.
Certaines Kura ont des idées surprenantes et j’avais envie de vous parler d’une catégorie de sakés en particulier qui va faire des étincelles : les sakés avec des paillettes d’or ! So chic non ? Voici un moyen de mettre des paillettes dans vos vies (merci Kevin !).
Le Japon a une longue histoire avec l’or et cela n’est donc pas surprenant de trouver un grand nombre de produits alimentaires qui en contiennent. Depuis le VIIIème siècle le Japon jouit d’une réputation de pays aux réserves d’or inépuisables. De la Chine à la Mongolie, en passant par la route de la Soie et jusqu’aux oreilles de Marco Polo, le Japon a toujours semblé être un pays riche de ce métal précieux. En vérité, le Japon fournit 5% de la production mondiale d’or. Par contre le Japon est le pays de l’argent avec 1/3 de la production mondiale issue des mines japonaises au XVIème siècle !
Une préfecture en particulier est reconnu pour ses mines d’or : Yamanashi (c’est là que se trouve le Mont Fuji, à l’ouest de Tokyo). Il n’y a d’ailleurs pas que de l’or puisque Yamanashi a dans ses montagnes de la tourmaline, de la turquoise et aussi du quartz pour n’en nommer que trois. Plus de 1000 maisons (bijouteries et joailleries) sont présentes à Kofu, la capitale de Yamanashi. On ne le sait donc peut-être pas, mais le Japon est un pays aux roches et minerais importants.
L’or a bien des symboles et des utilités au Japon. Il est « la divine lumière, la révélation de la vérité et l’atteinte de l’éveil ». L’or a été largement utilisé dans l’architecture avec notamment Kinkaku-ji à Kyoto qui est sans aucun doute, le bâtiment le plus célèbre dont le nom est évocateur : le Pavillon d’Or. Il ne faut pas oublier le Grand Bouddha de Nara : Todai-ji, qui est entièrement recouvert de feuilles d’or. L’or au Japon c’est aussi un moyen de réparation. Le Kinstugi, est une méthode japonaise de réparation de céramique brisées utilisant de la laque saupoudrée de poudre d’or.
Je me souviens parfaitement de ma première rencontre avec l’or au Japon. J’étais à Kanazawa sur la côte nord de Honshu, l’île principale. Kanazawa est reconnue pour la qualité de ses sakés mais aussi son or. D’ailleurs son étymologie signifie « marais d’or ». J’ai pu faire un atelier de feuilles d’or : c’était super et c’est la spécialité de la ville ! Kanazawa réalise 99% de la production nationale de feuille d’or (« Kanazawa Haku ») : autrement dit, c’est un lieu chargé d’histoire et de tradition. En 1977, la feuille d’or a même obtenu le statut de « produit traditionnel national ».
Mais j’avais aussi visité des magasins d’or. Je m’étais étonnée de voir tout ce qu’il était possible de faire et notamment en gastronomie. On voit souvent en France, sur les pâtisseries, un petit flocon d’or. Mais là c’était une tout autre dimension : il y avait de l’or pour couvrir des cakes, pour mettre dans son thé, son champagne, dans le saké, le vin… Bref, une vraie fièvre de l’or à ingérer !
Vous comprenez maintenant pourquoi il est possible de tomber sur une bouteille de saké avec des paillettes d’or. Et j’avais envie de vous présenter notamment cette bouteille : un Junmai Daiginjo Kita no Homare. Pourquoi cette bouteille ? Parce que vous pouvez la trouver à Bordeaux ! Ce type de saké a un nom : Kinapaku-iri. Cela signifie « paillettes d’or incluses ». Il faut savoir cependant que les paillettes d’or ne modifient pas le goût mais elles ont bien sûr une influence sur l’aspect esthétique du saké.
Côté dégustation que peut-on dire sur ce saké importé par BBC Spirits : un saké frais et aromatique au nez avec des notes de pêche et de pomme verte. Il s’ouvre petit à petit et les pétales d’or tourbillonnent dans le verre de façon poétique. En bouche, c’est l’umami qui me frappe : intense, profond, il englobe la bouche et rend le saké velouté. On retrouve les fruits mais aussi une belle harmonie avec des touches de champignons, de poivre et de fenouil. La finale est longue.
Pour apprécier au mieux un saké aux pétales d’or, il faut plutôt le consommer frais ou à température ambiante. On utilisera un verre à vin pour observer les flocons mais on peut aussi rester dans la tradition avec un masu ou un ochoko ! Pourquoi pas aussi dans des merveilleux sakazuki laqués avec de la feuille d’or de Kanazawa !!
Attention, il ne faut pas trop secouer la bouteille car cela risque à terme de détériorer la qualité du saké. On prendra donc le temps de doucement faire pivoter la bouteille pour mettre les flocons d’or en suspension.
#Emission France Bleu Gironde du 16 Septembre 2021 : cliquez sur le lien pour découvrir la nouveauté de la rentrée et écoutez le replay plus facilement !