Il y a quelques jours c’était Halloween et si cette fête américaine devient petit à petit un incontournable en France, il en est de même au Japon. Vive les bonbons et les costumes effrayants… Mais la mythologie japonaise n’a pas attendu la création d’Halloween pour parler de monstres, de démons… et de saké ! Plongeons ensemble dans la plus célèbre des histoires de monstre et de nihonshu.
Imaginez une créature terrible aux yeux rouges comme des physalis et au souffle venimeux… qui est pourvue de 8 têtes, 8 queues. C’est un dragon au dos couvert de mousses, de cyprès, de cèdre et au torse avec une rivière de sang. Son nom à lui seul faisait trembler les habitants de la Préfecture de Izumo, Shimane aujourd’hui… Yamata no Orochi avait une délicieuse et horrible habitude : il dévorait une jeune fille par an ! Il avait choisi une famille qui avait été bénie de 8 filles et chaque année il revenait en mangeait une…
Arrive alors le héros dans l’histoire… Le Dieu Susanoo, le kami des tempêtes, qui a hérité à sa naissance du royaume des mers. Il a été banni du ciel récemment pour avoir « embêté » (le mot est faible) sa soeur, la Déesse Amaterasu. Cette dernière n’est autre que la Déesse du Soleil et elle a un lien familial avec l’Empereur du Japon. En effet, elle a envoyé son petit-fils Ninigi sur la terre pour gouverner et à cette occasion elle lui a offert trois objets sacrés : le miroir de bronze Yata no Kagami (symbole de sagesse et de la faculté de comprendre), le joyau Yasakani no Magata (symbole de bienveillance et de la faculté d’apprendre) et l’épée Kusanagi no Tsurugi (symbole de valeur et de la faculté de partager). Le fils de Ninigi en a hérité à son tour : Jinmu est le premier Empereur du Japon et ancêtre de tous les empereurs… Ces objets sont encore en la possession de la famille Impériale et certains sont dans des sanctuaires Shinto. Ils sont le Trésor Impérial du Japon qui ont une valeur incommensurable. Il n’existe pas à ce jour de représentations officielles, leur existence physique est sujet au doute mais qu’importe, « un symbole n’a pas besoin de matérialité » (« シンボルがオブジェクトを必要としません« ).
Mais revenons à nos moutons… à nos dragons ! Susanoo a donc été banni et se déguise en cavalier pour parcourir les campagnes. Il y rencontre une famille de paysans en pleurs. Le couple lui explique qu’un terrible dragon va venir pour dévorer leur dernière fille, la seule rescapée. Ce sacrifice leur permettra d’avoir accès à de l’eau : c’est le contrat avec Yamata no Orochi.
Kushinada Hime attendait son sort avec angoisse mais elle a une lueur d’espoir. Susanoo fait un marché avec la famille : s’il réussit à tuer le dragon alors il épousera Kushinada. Le couple accepte et Susanoo met son plan en action.
Pour réussir à vaincre le dragon, il décide de prendre 8 tonneaux de saké et de construire une palissade autour de la maison des paysans avec 8 portes par lesquelles le dragon pourra passer ses têtes et accéder aux barriques. Son plan se passa comme prévu et la bête, saoule, s’endormit. Il eut alors le temps de couper les têtes avec son épée ! Kushinada était saine et sauve : elle épousa Susanoo.
Ce dernier va découvrir dans le corps du dragon la fameuse épée Kusanagi-no-tsurugi, celle dont on a parlé un peu plus haut : il l’offrit à sa soeur Amaterasu pour se faire pardonner.
L’histoire ne dit pas quel saké a été servi au dragon. Mais je peux vous parler de la Maison Asamai Shuzo dont les étiquettes magnifiques, représentent le bijou Yasakani no Magatama. Alors pourquoi pas tester Amanoto Junmai Daiginjo 35, un saké fruité avec une finale longue et équilibrée ? Toujours avec modération, mais jamais sans plaisir.
#Emission France Bleu Gironde du 4 Novembre 2022 : cliquez sur le lien pour écouter le replay plus facilement et lire le super article d’Isabelle Wagner !
