Master Class ‘Wines of Turkey’

Emir, Narince, Kalecik Karasi, Okuzgozu, Bogazkere… Je vous parle chinois ? Et bien, non, je vous parle Turc ! La Turquie, Pays du Levant, est le cinquième producteur au monde de raisins avec 1000 variétés différentes. Mais seule une petite dizaine de cépages sert à produire du vin. Le vin est traditionnel, que ce soit pour les minorités chrétiennes (arméniennes notamment) et juives ou pour les élites musulmanes laïques. Avec 78% des vins récompensés aux concours internationaux, il était temps que le monde lève le voile sur 11 000 ans d’histoire à Vinexpo pour sa deuxième participation cette année. 

Pour se faire, un grand spécialiste était là : Tim Atkin, Master of Wine et spécialiste des vins turcs. 

« Où est une âme, là est l’espérance » Proverbe Turc

Mosquée de Turquie

Le marché turc est un marché d’avenir. La bière représente 86% des boissons consommées et le vin seulement 7% mais c’est en augmentation. La Turquie est le 5ème pays en terme de production mondiale de raisins (4 264 000 tonnes) et le 4ème pays en terme de superficie de vignes cultivées après l’Espagne, la France et l’Italie. Seulement 2% des vignes sont utilisées pour la production de vin et la consommation per capita est d’un litre par an. Il y a des efforts à fournir mais entre 2011 et 2012, les vins turcs ont gagné plus de 500 médailles ! C’est l’année la plus prolixe ! 

Il y a de nombreuses vignes indigènes comme l’Emir, Narince, Sultaniye et Bornova Misketi pour les raisins blancs et Calkarasi, Kalecik Karasi, Öküzgözü et Bogazkere pour les raisins noirs. Il y a également beaucoup de variétés internationales comme le Sauvignon Blanc, le Chardonnay, le Merlot, le Cabernet Sauvignon et la Syrah. 

Grappe

– Emir, Kocabag Winery de la région Cappadocia, 2011 (100% Emir)

Considérée comme l’une des meilleures wineries de la région, ces vins sont extrêmement recherchés. Sur les 35 hectares de vignes, 5 cépages indigènes poussent. Elle exporte vers les USA, le Canada, l’Allemagne et le Japon et essaye de tirer le meilleur de son terroir volcanique d’Anatolie. 

D’un jaune paille, le premier nez est assez curieux entre citron et fumé. Une impression d’amertume apparaît! Le second nez confirme le citron et des notes de fruits secs sont présentes. La bouche est fraîche et acidulée. Droit et un peu aqueux, un côté salin arrive sur la langue. La finale est florale sur la rose et la noisette. L’acidité persiste, c’est un vin agréable à boire, c’est clean.

– Chamlija Narince, Irem Chamlija Winery de la région des Montagnes Strandja, 2012 (100% Narince)

Originaire de Bulgarie, la famille Camlica est une professionnelle de la terre. Proche d’Istanbul (à 120km à l’ouest), c’est la troisième génération qui gère la propriété encore aujourd’hui.       

D’un jaune paille limpide et brillant, le premier nez est très agréable. Comme muscaté sur la pêche, l’abricot et la rose jaune, le tout est envoûtant et puissant. La bouche est fraîche sur l’abricot, la pêche et le raisin blanc. L’acidité est persistante comme celle du citron et en finale on peut retrouver un peu de mangue. 

– Prestige Kalecik Karasi, Kavaklidere Winery de la région d’Anatolie Centrale, 2009 (100% Kalecik Karasi)

C’est la winery leader en Turquie avec 84 ans d’existence et 610 hectares de vignoble. Son principe est simple: produire des vins anatoliens avec des cépages anatoliens qu’elle exporte dans 21 pays. 16 marques ont été créées représentant 47 vins et depuis qu’elle participe à des concours, la winery a remporté plus de 700 prix. Sa plus grande fierté ? Que la compagnie aérienne nationale Turkish Airlines serve ses vins à bord. 

Rubis avec une corolle plus claire, le nez est intéressant sur la cendre froide, la figue et la cerise. Il y a aussi un petit côté floral, voire prune sèche. Le second nez est toujours aromatique et frais. La bouche est légère et aromatique avec des touches de cerise confite et de cacao. La finale est belle sur le raisin sec. L’impression de sucrosité disparaît progressivement et laisse des notes d’épices sur le poivre. La finale est amère et boisée.   

– Pendore, Kavaklidere Winery de la région d’Aegean, 2010 (100% Bogazkere)

Rubis rouge limpide et brillant, le premier nez est aromatique sur les fruits secs (raisin) et aussi très gourmand avec des fruits frais (fraise, cerise). Le second nez propose des notes de fraise des bois… C’est frais. La bouche a une sucrosité intéressante avec des touches de fraise encore accompagnées d’une astringence. C’est joli mais droit au final.     

– Karma, Doluca Winery de la region de Thrace de l’est de l’Anatolie, 2010 (Cabernet Sauvignon et Öküzgözü)

C’est une entreprise familiale ! Après avoir fait ses études à l’étranger, Nihat A. Kutman est retourné dans son pays en 1926 pour fonder cette winery. Aujourd’hui, à sa tête, la troisème génération Kutman propose 40 produits et distribue plus de 14 millions de bouteilles par an. 

Avec un rubis plus profond mais avec une intensité moyenne, le nez est sur le poivron puis laisse apparaître les fruits rouges et les fruits noirs. Epicé, le second nez est plus ouvert avec un peu de curry, de fruit et d’acidité. La bouche est fraîche avec des tanins imposants mais souples. Aromatique, c’est un vin avec une acidité correcte et une belle finale sur le fruit ! 

– Kayra Versus, Kayra Winery de la région de Sarköy, 2010 (100% Cabernet Franc)

Le but de la winery Kayra est de mettre en valeur les vins d’Anatolie. Deux sites de production se partagent la production totale de 9,2 millions de litres : l’une datant de 1942 dans l’est de l’Anatolie et l’autre en 1996 en Thrace. 

Avec un joli rubis rouge profond, le premier nez de ce Kayra me rappelle la whiskylactone, le champignon et le coco. Le passage en barrique est très marqué. Le second nez est épicé avec du curry mais aussi fruité. La bouche laisse apparaître une sucrosité, de la fraîcheur, des épices et des tanins souples. Une astringence englobe le tout… C’est agréable mais le fruit est caché et c’est un peu amer en définitive.      

– Mahrem Syrah, Mozaik Winery de la région de Urla (Izmir), 2010 (100% Syrah)

Winery récente puisqu’elle date de 2006, la propriété est gérée par un ingénieur agronome italien. Le développement durable est une clé importante de cette winery et finalement elle suit une vinification très française avec élevage en barriques et mise en bouteille sur la propriété.    

Toujours rubis limpide et profond, le nez est sympa sur les fruits rouges avec un peu d’épices. Le second nez est aromatique, persistant avec un léger végétal et un peu de coco et de vanille. La bouche est fraîche et astringente. Le fruit rouge se bagarre avec la prune et une acidité en fin de bouche. La finale est sur la vanille et le coco… On sent le passage en barrique !    

– Mahrem Tannat, Mozaik Winery de la région de Urla (Izmir), 2010 (100% Tannat)

Rubis avec un joli premier nez aromatique sur la prune et la figue, la cerise arrondit le tout. Le second nez est plus acidulé sur la groseille mais il y a toujours la prune. La vanille et le coco font leur apparition: c’est la patte Mozaik. La bouche a une belle sucrosité avec des tanins très puissants. La structure est impressionnante. Coco, vanille, mûre et cassis se mélangent dans un joli tourbillon. Délicat mais les tanins sont peut être un peu trop accrocheurs !     

– Sur, Suvla Winery de Gallipoli, 2010 (50% Merlot, 34% Cabernet Sauvignon, 14% Cabernet Franc et 2% Petit Verdot)

Située dans la péninsule historique de Gallipoli dans les Dardanelles, la winery Suvla cherche à produire des vins riches en caractère, élégants et s’alliant parfaitement avec la nourriture. Datant de 2003, le domaine est constitué de 80 hectares de vignes qui bénéficient de la certification ‘Good Agriculture Practice » (GAP). La winery a été construite en 2009 et les œnologues conseil sont tous français. 23 labels sortent chaque année sur des segments premium et ultra premium. 

Rubis avec une corole orangée, le nez me semble être plein de Brett (écurie, sueur de cheval… beurk). C’est fumé, c’est plein de cuir mais surtout ça sent le lys. Il y a un côté lourd et poivré. Le second nez est plus cuir que floral même si après quelques instants le lys revient en force. La bouche a une certaine sucrosité, un peu brûlée et toujours ce lys. Il y a une impression poudrée avec des tanins puissants et accrocheurs. Légérement végétal, joli mais très curieux ! Unique !! 

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