Pour la première fois depuis longtemps je me suis retrouvée dans une situation bête… Imaginez que vous vous rendiez au Château Mouton Rothschild sans savoir ce qu’est cette grande Maison, 1° Cru Classé de Pauillac depuis 1855 (enfin depuis 1973 mais on ne va pas chipoter…). Bref c’est un peu ce qui m’est arrivé quand je suis allée dans la Vallée du Rhône septentrionale et que j’ai fait une dégustation chez Georges Vernay !
Georges Vernay n’est pas n’importe qui dans la région. Il est le sauveur de l’appellation Condrieu. Pourquoi ? Parce qu’il s’est battu pour sauvegarder et faire progresser la culture du Viognier, cépage maître de Condrieu, et ce à la fin des années 40. Aujourd’hui, cette propriété représente 21 hectares. Christine Vernay, la fille de Georges a repris avec son frère la gestion de l’exploitation. C’est Paul, son époux, qui a pris le temps de me faire la dégustation. Ne manquant pas d’éloges sur sa femme, il a précisé que cette dernière avait été élue Personnalité de l’Année en 2012 par Bettane et Desseauve (succédant ainsi à Pierre Lurton du Château d’Yquem).
Extrait de Bettane&Desseauve 2012 :
« Après une vie d’enseignante à l’ENA, Christine revient au domaine en 1996 et assure seule les vinifications à partir de 1997. Si les condrieux sont déjà la fierté du domaine, elle va les faire encore progresser. Dans les derniers millésimes, les deux cuvées de Chaillées-de-l’Enfer et surtout de Coteau-de-Vernon égalent les plus grands blancs secs par leur épanouissement et leur grâce spontanée.
L’autre grande réussite, et peut-être même la plus marquante, a été le perfectionnement du style des vins rouges du domaine, dans le vignoble voisin de Côte Rôtie. Désormais, les deux cuvées Blonde-du-Seigneur et surtout Maison-Rouge égalent les plus brillantes interprétations du cru. La délicatesse de l’extraction du tanin et la longueur des élevages ont ainsi permis de remarquables 2008, et la très récente acquisition de deux hectares supplémentaires dans le secteur de Maison-Rouge, contigu à Condrieu, ne peut que susciter les plus vibrants espoirs. »
– Les Terrasses de l’Empire, Condrieu 2011 (100% Viognier).
D’un beau blanc brillant, ce Terrasses de l’Empire a un beau nez frais et délicat. Citronné et boisé, ce vin est plein de promesses. La bouche est ample et veloutée sur une explosion de fleurs blanches. L’élevage en foudres permet un très léger boisé.
– Les Chaillées de l’Enfer, Condrieu 2011 (100% Viognier).
Doré et brillant, les Chaillées de l’Enfer est une cuvée provenant de vieilles vignes de 1957. Le premier nez est mielleux et fruité sur la pêche. Le second nez est plus complexe sur une minéralité certaine. La bouche est gourmande, ronde sur les fleurs blanches. L’élevage en barriques durant 1 an a induit une grande délicatesse. La minéralité est toujours présente. La finale, enfin, est citronnée et légère.
– Côteau de Vernon, Condrieu (100% Viognier).
D’un doré fin, ce Côteau de Vernon provient des plus vieilles vignes de l’AOC datant de 1930. Le nez est fin, rond et tranquille sur la pêche et le citron. La bouche est fraîche avec des arômes de violette, de pêche et de citron. Très délicat, la finale est longue sur les fleurs blanches. Très agréable.
– De Mirbaudie, Vin de Pays 2011 (100% Syrah).
Très aromatique sur le poivre rose, ce vin de pays est une corbeille de fruits : prune, griotte et framboise. Des flaveurs de violette délicates s’échappent également et laissent place au poivre. La bouche est structurée et ronde. Il y a un bel équilibre entre fruits et épices. Il y a enfin une belle finale sur le poivre et la poire.
La particularité des Côtes Rôties est le fait que l’on puisse assembler un cépage blanc (Viognier), maximum 20% et un cépage rouge (Syrah). Les élevages se font séparemment. L’appellation Côte Rôtie comporte au nord les Côtes Brunes dont le terroir se compose de chiste et d’oxyde de fer et au sud les Côtes Blondes dont le terroir est en granit.
– Fleur de Mai, 2011.
Au nez, le poivre rose et le cacao se mélangent délicatement. On sent la puissance et des flaveurs de cuir apparaîssent progressivement. La bouche est belle, gourmande sur la griotte, la poire kirsh et le poivre. La finale est de nouveau sur le cacao : gourmand, gourmand, gourmand.
– Blonde du Seigneur, Côte Rôtie, Côte Blonde 2010 (8% Viognier et 92% Syrah).
La Blonde du Seigneur est d’un beau rouge violine profond. Avec un beau nez poivré délicat, des flaveurs de cacao, du kirsh, de la poire s’échappent. La bouche présente une belle acidité. Grâce à l’élevage en barriques de 18 mois, un toasté est présent. Très fruité sur la poire, la framboise, la mûre mais aussi le cacao et le pin, ce vin est un mélange de puissance et d’élégance. La finale est sur le fruit et le toast. Des arômes de violette surgissent ainsi que de la figue délicate.
– Maison Rouge, Côte Rôtie, Côte Blonde 2009 (100% Syrah).
Le nez est encore plus beau, plus rond et plus chaud. Légèrement animal mais toujours très fruité sur la griotte bien mûre et aussi sur le porto, Maison Rouge est complexe. Très peu de tanins malgré un élevage de barriques de 2 ans (dont 20% de bois neuf), la bouche de ce vin est toastée sur la griotte, la figue séchée et le cacao. La finale sur le fruit griotte est très longue, gourmande et puissante. Des arômes d’olive noire sont la touche ultime de ce merveilleux cru.