Je me suis Grillet…

Grillet, est-ce que cela vous dit quelque chose ? C’est français, c’est petit et donc mignon mais c’est cher, en même temps c’est bon et puis c’est la propriété d’un magnat du luxe français, François Pinault. Considéré comme l’un des meilleurs vins blancs au monde au côté d’Y d’Yquem, la Coulée de Serrant, des Montrachets ou du Château-Chalon, le Château-Grillet n’est pas comme on pourrait le croire la plus petite AOC de France puisqu’il s’agit du Domaine de la Romanée en Bourgogne. Mais il est sûr qu’elle est un monopole de 3,8 hectares enclavée dans la grande et célèbre appellation de Condrieu dans la Vallée du Rhône Septentrionale. 

« Boire est humain, alors buvons« 

Rhone dans sa puissance

Il faut être patient pour parvenir à trouver le Château-Grillet. C’est un peu comme une chasse au trésor ! Pas de panneau, pas de site internet, impossible de visiter la propriété et impossible de trouver une bouteille même chez les cavistes à la ronde ! Pourtant dès que l’on arrive face au domaine on comprend l’emplacement idéal dont il bénéficie. La route en colimaçon entoure le Château et les vignes sur 76 espaliers sont baignées dans le soleil. La propriété est une sorte d’amphithéâtre: le Château est en son cœur et les vignes sont orientées sud-est face au fleuve. C’est donc un ‘lopin de terre’ discret mais hors du commun. 

L’appellation Château-Grillet date du 8 Décembre 1936. Alors propriété de la famille Neyret-Gachet depuis 1820, Château-Grillet se détache de Condrieu grâce à son terroir unique mais aussi pour des raisons historiques. En effet, à l’époque de la création des AOC vers 1940, Condrieu était une région en déclin (phylloxéra, guerre…) qui produisait notamment des vins doux. Le propriétaire de Château-Grillet était donc en avance sur son temps. Petites anecdotes: à partir de 1987, les bouteilles de Château-Grillet font 75cl et la production actuelle avoisine les 10 000 bouteilles par an.

Un château et une appellation

En 2011, le Château a été racheté pour 12,8 millions d’euros par la holding Artémis de François Pinault déjà propriétaire du Château Latour à Bordeaux et du Domaine d’Eugénie à Vosne-Romanée. Avec le gérant de ses différentes propriétés et DG du Château Latour, Frédéric Engerer, Bernard Pinault a tout refait! Il n’a pas lésiné sur les moyens car il sait qu’il a acquis un petit bijou. Outre le fait que cette propriété soit sur un terroir unique et produise un vin merveilleux, elle a également acceuilli des grands hommes: déjà Blaise Pascal aurait mentionné le domaine en 1652 et Thomas Jefferson aurait dégusté ces vins sous l’Ancien Régime. 

Alors certes le domaine est exceptionnel, le Château-Grillet est une appellation monopole diamant du Rhône, les vignes bénéficient de toute l’attention et n’ont jamais connu la vigueur d’un tracteur (la pente peut parfois atteindre 50%), les chais ont été refaits et les rendements sont des plus bas… Mais s’il y a bien une chose qui ne trompe pas, c’est la dégustation! Le papier cadeau peut être joli, il n’empêche que c’est le cadeau en lui-même qui importe… Alors, verdict? 

A boire sur des langoustines

Dans ma cave je possède une bouteille de 2007 mais je ne l’ai pas encore ouverte: je ne peux donc vous dire que ce que d’autres en pensent! Quand le temps de la dégustation sera venu, je ne manquerai  pas de vous tenir au courant et j’ajouterai mon petit grain de sel. On dit donc du Château-Grillet qu’il fait preuve d’une insolente jeunesse, d’une droiture élégante et d’une classe sans pareille. Ce qui caractérise les millésimes est la constance. D’une couleur jaune synonyme de clarté… Le nez est un abricot bien mûr gorgé au soleil allié à la pureté, le charme, la franchise et la délicatesse. La bouche a une belle acidité croquante, du gras pourtant et une longueur folle. Le fruit est aussi présent durant la dégustation : abricot, agrumes (citron, pamplemousse)… mais aussi de la minéralité et même une touche de fenouil. La finale est longue et délicate. Une chose que l’on peut aussi dire sans aucun doute: c’est un vin de garde…de longue garde! Le Viognier est à son apogée. 

A boire avec des langoustines ou des coquilles st-jacques accompagnées d’une sauce légère et citronnée. Mais aussi avec un peu plus de consistance sur un poisson blanc délicat ou des ailes de raies… Tout un programme !

Comptez entre 70 et 100 euros la bouteille avant le rachat par le magnat français (à savoir que les millésimes avant le rachat sont tous propriétés de particuliers et que donc le prix sera fixé par ces derniers). 

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